Choy Lee Fut

蔡李佛

Le style Choy Lee Fut

Rédigé par Emmanuel Evrard

 

Chan Heung

Le Choy Lee Fut ou Choy lay fut ou Califo 蔡李佛 est un art martial chinois traditionnel du sud de la Chine qui fut créé au 19e siècle par Chan Heung. Réputé comme un style idéal pour former rapidement de très bons combattants, son étude repose essentiellement sur les formes (taos). Il y a plus de 110 formes, souvent très longues (entre 350 à 500 mouvements), chacune de ces formes développant un aspect particulier. Il existe par exemple des formes de travail au sac codifiées, une pour former la surface extérieure des poings, une pour former les tranchants, une pour les techniques de pieds, etc.

 

Le principe du travail repose sur l’énergie cinétique, c’est la vitesse au moment de l’impact qui créé la puissance. La taille et les épaules sont la clé de ce travail, des formes de base spécifiques sont destinées à l’assouplissement de ces deux articulations D’autres formes travaillées avec des poids développent la vitesse des bras. Le mouvement est continu et s’accélère progressivement, les taos comme Tuet Jin Kun, par exemple, démarrent sur un rythme dans la 1ère partie et accélèrent sur la 2ème. Cela créé un mouvement « tourbillon » difficile à suivre avec le regard.

 

L’entrainement comprend l’étude de techniques de base, de formes codifiées ou libres et de taos, enchaînements traditionnels. Le Choy Lee Fut, ou style du léopard, est un kung fu dit « du sud », fusionnant trois styles : Choy gar, Lee gar et Fut gar. La majorité des coups est donnée avec la partie supérieure du corps, notamment les poings. Le maniement des armes fait également partie de l’apprentissage (bâton, lance, sabre…).

 

Chan Heung

Le Choy Lee Fut fût fondé en 1836 par Chan Heung, pratiquant très habile et bien connu de cette époque. Chan Heung naquit en 1806, au village de King Mui, district de Sun Wui de la province de Kwantung (Guang Dong). Il commença la pratique de l’art martial à l’âge de 7 ans, quand il partit vivre chez son oncle Yuen Woo.

Yuen Woo était un moine de Shaolin réputé. De Yuen Woo, Chan Heung apprit le Shaolin Kung Fu et commença à avoir un bon niveau à l’âge de 15 ans. Il vainquit tous les challengers des villages proches. A partir de 17 ans, Chan Heung était prêt à assimiler d’autres techniques. Aussi, Yuen Woo en parla à Lee Yau San, un camarade de classe de Shaolin. Chan Heung passa 4 ans à perfectionner son Kung Fu sous les yeux attentifs de Lee Yau San. Il apparut à Lee Yau San au bout de seulement 4 années d’entraînement, que Chan Heung pouvait accéder à un niveau plus élevé. Au bout de 10 ans, il avait atteint un niveau de Kung Fu que Yuen Woo et Lee Yau San avaient mis 20 ans à atteindre. Lee Yau San suggéra à Chan Heung, s’il désirait s’améliorer encore, d’aller s’entraîner avec un professeur de grande renommée Choy Fok, un moine de Shaolin, qui vivait en ermite sur la montagne Lau Fu. Le seul problème était que Choy Fok, n’enseignait plus l’art martial. Il recherchait seulement la solitude pour cultiver le bouddhisme. Réalisant que pour atteindre un haut niveau en Kung Fu, le moyen était de trouver ce moine et de devenir son disciple,

Chan Heung se mit en route pour la montagne de Lau Fu. La tête de Choy Fok avait été sérieusement brûlée quand il avait fait son vœu de bouddhiste et il avait guéri avec de très vilaines cicatrices. On lui avait donné le surnom de  » Moine à la tête blessée « . Sachant tout cela, Chan Heung partit seul à la montagne de Lau Fu pour trouver Choy Fok. Finalement, il trouva le moine et lui remit sa lettre de recommandation de Lee Yau San. Après avoir attendu patiemment d’être accepté comme disciple de Choy Fok, il fut stupéfait quand Choy Fok se détourna de lui. A force d’insistance, Choy Fok l’accepta comme jeune élève mais seulement pour étudier le bouddhisme. Alors Chan Heung étudia le bouddhisme pendant de nombreuses heures par jour avec le moine à la tête blessée, et pratiqua le Kung Fu seul à la faveur de la nuit.

Très tôt le matin, Chan Heung travaillait son Kung Fu, larges mouvements des deux jambes sur des gros bambous de buisson et donnait des coups de pied sur des pierres, envoyant de formidables morceaux sur le sol. Soudain le moine apparut et lui demanda si c’était le mieux qu’il puisse faire. Chan Heung fut choqué quand Choy Fok désigna une grosse pierre de 40 kg et lui demanda de l’envoyer à 4 mètres de là d’un coup de pied. Chan Heung s’exécuta et réussit d’un coup de pied à envoyer la pierre à 4 mètres après s’être écrasé le pied sur la roche. S’attendant à des compliments de Choy Fok, celui-ci plaça son pied sous la roche et sans effort l’envoya dans les airs. Chan Heung fut terrifié par cette démonstration de puissance. Dès lors, Choy Fok le prit comme disciple.

Durant les huit premières années passées avec le moine, celui-ci lui enseigna le chemin du bouddhisme et le chemin de l’art martial. Quand il eut 29 ans, Chan Heung quitta le moine et retourna à son village de King Mui où il consacra les 2 ans qui suivirent à réviser et affiner ce qu’il avait appris avec Choy Fok. Chang Heung avait maintenant développé un nouveau système de Kung Fu. En 1836, il établit officiellement le Choy Lee Fut, nommé ainsi pour honorer ses deux professeurs, Choy Fok et Lee Yau San, et le mot Fut signifiant Bouddha en chinois, pour rendre hommage à son oncle, Yuen Woo, et l’origine Shaolin de son nouveau système.

En 1864, le royaume de la Triade s’effondra et CHAN HEUNG quitta la Chine pour les États-Unis, où, à 59 ans il devint le professeur de la famille CHAN outre – mer. Après 4 années d’exil, il revint dans son village, où il découvrit que son Kung Fu était devenu populaire, de même que dans tout le sud de la Chine. CHAN HEUNG mourut en 1875 à 69 ans.

 

Les différents styles de Choy Lee Fut

Hung Sing : le style de la « victoire glorieuse » ou « victoire des Hung » fut fondé par Jeong Hung Sing. De son vrai nom Jeong Yim (Cheung Yim), ce dernier voulait devenir l’élève de Chan Heung. Cela lui fut refusé car à l’époque, l’art martial de la famille n’était enseigné qu’au sein du clan Chan. Mais Jeong Yim se mit à espionner les entraînements. Lorsqu’il s’en aperçut, Chan Heung demanda à Jeong Yim de lui faire une démonstration de ce qu’il avait appris ainsi, et devant l’adresse du jeune homme il décida de le prendre en secret comme élève. Cela finit néanmoins par se savoir et le maître dut cesser d’enseigner à Jeong Yim ; il eut alors l’idée de l’envoyer étudié auprès d’un moine Shaolin, Ching Cho Woe Serng. A la fin de son apprentissage, Jeong Yim fut rebaptisé par le moine Jeong Hung Sing (Cheung Hung Shing), métaphore de la victoire (sing) souhaitée de l’organisation rebelle Hung sur les mandchous de la dynastie Qing. En 1836, Jeong Hung Sing retourna auprès de Chan Hueng, et devint son assistant. Il mit finalement au point sa propre version de Choy Lee Fut, qu’il nomma Hung Sing Choy Lee Fut, et ouvrit une première école en 1851 dans le comté de Futsan (province de Guangzhou). Il mourut en 1893.

Buk Sing: le style du « vent du nord » ou de la « victoire du nord » (Pak Sing, Buc Sing, Bak Sing) fut fondé par Tam Sam (Tan Shan), natif du district de Kaiping, dans le comté de Hoiping (province de Guangdong). Tam Sam apprit d’abord le Hung Gar Kuen avec Yuan Tai, puis le Hung Sing Choy Lee Fut avec Lui Chan, un élève de Jeong Hung Sing. Il ouvrit une école dans le district Siu Bak (« petit nord », province de Guangzhou), qu’il nomma Siu Bak Hung Sing Choy Lee Fut Gwoon. On dit que Tam Sam était plus intéressé par l’aspect combat du Choy Lee Fut que par son côté interne et par la pratique des formes. Bak Sing Choy Lee Fut Gwoon.

Taolu 套路

Le terme taolu signifie « la voie des séries », le chemin menant à la maîtrise de l’art martial ; Un taolu est un enchaînement de techniques, appelé dans les arts martiaux japonais Kata. Le mot taolu est composé de deux mots : Tao : représente un principe philosophique, plus précisément la force fondamentale qui « coule » en toutes choses dans l’univers, vivantes ou inertes. Ce terme signifie également un enchaînement de mouvements. Lu : désigne les exercices permettant d’atteindre la maîtrise. Les taolu ont été « créés » dans un but pédagogique pour le corps et l’esprit du pratiquant. Le secret de l’apprentissage d’un taolu est la répétition, qui n’a jamais entendu qu’il fallait répéter son taolu 10.000 fois pour commencer réellement à le comprendre ? Ce chiffre n’est pas le fruit du hasard, certes il faut répéter les taolu mais ce chiffre a une signification, il s’agit des 10.000 êtres de Laozi ou Lao-tseu.

Au XIXe siècle, des guerres de l’opium font leurs apparitions en Chine. Ces conflits étaient motivés pour des raisons commerciales opposant la Chine de la dynastie Qing (voulant interdire le commerce de l’opium sur son territoire) à plusieurs pays occidentaux (voulant le continuer). CHAN HEUNG rejoignit l’armée pour lutter contre les Britanniques et ne retrouva sa famille qu’en 1842, après la défaite de la Chine. Il soutint alors les rebelles des différentes Triades qui luttaient en secret contre les QING. Cependant son côté Bouddhiste lui interdisait toute forme de violence. Quand le gouvernement impérial recruta de force des hommes pour lutter contre les Triades, il s’enfuit de son village avec sa femme et ses 2 enfants pour aller s’installer dans le sud. Pour vivre et pour lutter contre les forces Mandchous, il fut obligé de créer une école de CHOY LEE FUT. Il donna à ses partisans un signal secret, un pratiquant de CHOY LEE FUT devait crier YAK en frappant avec le poing, WAK en frappant avec les griffes du tigre et DIK en donnant des coups de pieds

Les cris des différentes frappes pour les TAO Choy Lee Fut sont :
Yak : pour Coa choy
Sik : pour Sao choy
Yik : pour Chap Choy (Ying & Yang)
Wak : paume pour le tigre
Dik : pour coup de pied

 

Les armes du Choy Lee Fut

Les armes du Choy Lee Fut sont divisées en plusieurs catégories. Ce sont des armes de longue portée, moyenne portée et courte portée. Ces catégories sont subdivisées en combinaisons dur, mou, lourd, souple, doubles et des armes. Ce style élargit également la gamme d’armes à inclure: long bâton, lance, le tigre à fourche, Kwando, épée unique, épée à double, et un couteau papillon. Le large éventail de défis offerts par ces modes de formation facilite la force de préhension, de la sensibilisation générale gamme et la dextérité des armes.

 

Les différents animaux

Les animaux ont toujours tenu une place prépondérante dans les arts martiaux chinois. Le Kung Fu CHOY LAY FUT fonde ses techniques sur 5 animaux principaux : le Dragon, le Tigre, le Léopard, la Grue et la Serpent. Les exercices ne se contentent pas de copier les gestes des animaux mais cherchent à établir des correspondances entre ceux-ci et la morphologie humaines.

LE TIGRE

Le tigre personnifie la force extérieure et l’agilité. Les coups sont portés avec la base de paume ou avec des doigts repliés en forme de griffe suivant une trajectoire courte et orientée vers le bas. A chaque mouvement d’un bras, l’autre libre effectue un mouvement opposé, de façon de conserver l’équilibre au moment de l’impact.

Les parties du corps de l’adversaire les plus visées sont le visage, le cou, l’intérieur des bras, les côtés, le bas-ventre.

Pour acquérir la poigne de fer indispensable, l’entraînement consiste à lancer en l’air un petit sac de toile contenant des plombs de chasse et à l’attraper au vol quand il redescend.

LE LEOPARD

Le style du léopard se situe entre celui du dragon et celui du tigre. Une de ses attaques caractéristiques consiste à frapper l’adversaire avec ses phalanges pliées.

Les pratiquants frappent des coups secs et portent des coups sur des parties vitales de l’adversaire comme le dessus et le dessous du nez, le menton, la tempe, la gorge, le sternum, les côtes, et le bas-ventre.

 LA GRUE

La grue fait appel à d’amples mouvements, d’esquive exigeant légèreté et l’agilité.

On reste cependant près de l’adversaire pour pouvoir lui porter des coups légers et rapides. Les mouvements de mains rappellent le bec de la grue. Leur manque de puissance est compensé par la précision. Le corps est en état d’équilibre parfait. Les coups sont généralement portés avec des doigts serrés, les blocages se faisant soit avec le dos du poignet soit avec la main ouverte, comme pour une gifle.

 LE SERPENT

Le style du serpent utilise moins de force musculaire que les 4 autres. Il fait appel à la force « interne » et à des mouvements sinueux pour atteindre rapidement les yeux, la tempe, la gorge, le plexus solaire et le bas-ventre. La pointe des doigts est l’arme essentielle.

 

LE DRAGON

Le dragon se jette droit sur l’adversaire. Si l’adversaire à l’initiative de l’attaque, le dragon s’avance en biais et bloque l’attaque au moyen des mouvements circulaires enchaînes avec des coups droits.

Les exercices d’entrainements visant à renforcer le poignet et l’avant bras consistent  à faire tourner d’un côté sur l’autre un pot rempli de sable ou de plomb de chasse.

Quelques taos de Choy Lee Fut

Liste venant du site okinawa-shaolin.fr

 

Débutants :

  • Chai Kune
  • Sui Lam Kwan (bâton de Shaolin)

Avancés :

  • Fok Fu Tan To (sabre pour maîtriser le tigre)
  • Sap Dji Gao Dah (combattre dans le carré)
  • Siu Mui Fa Kune (petite fleur de prunier)
  • Tcha Kune (poing contre poing)
  • Tcha Kwan (bâton contre bâton)

Confirmés :

  • Loong Hang Kwan (bâton du dragon)
  • M’m Ien Kune (cinq animaux)
  • Sap Sam Tchern (13 piques de lance)
  • Tut Zhin (fin de guerre)
  • Fei Loong Ssin (évantail du dragon)
  • Hok Ien Kune (style de la grue)
  • Peing Kune (fin de combat)
  • Sun Loong To (double sabre)
  • Ta Kwan To (hallebarde)